C’est le moment idéal pour parler d’un problème qui nous touche tous et qui porte le nom du « handicap invisible ». 80% des handicaps ne se voient pas, il s’agit des personnes comme moi par exemple, où nous sommes debout et possédons une carte de stationnement et/ou priorité pour passer plus vite en caisse. Nous avons tous en mémoire des réflexions voire des agressions verbales qui nous sont adressées parce que nous sommes garés sur une place handicapée ou parce que nous voulons passer rapidement en caisse ou au guichet. Certains, par ras le bol de devoir se justifier, en arrivent à ne plus utiliser leurs cartes et je trouve ça tellement dommage. Essayons de comprendre et d’agir pour faire évoluer la situation. Je peux comprendre qu’une personne valide n’ayant aucune personne malade ou handicapée dans son entourage proche (hors personne en fauteuil évidemment) puisse être surprise de me voir descendre de ma voiture, habillée, maquillée et debout, me garer sur une place réservée et déambuler dans un centre commercial...
Si la personne me demande des explications, je lui montre d’abord ma carte et lui explique l’histoire des 80%, que mon handicap c’est ma poche, et que par politesse je ne la lui montrerai pas mais qu’accessoirement je peux en sortir une de mon sac pour lui prouver mes dires. Je crois sincèrement que la pédagogie peut avoir des vertus sur certaines personnes… d’autres, plus obtuses, ne comprendront jamais mais ce n’est pas une raison pour ne pas faire valoir ses droits.
Je milite aussi pour un changement de signalétique. Le fauteuil roulant sur fond bleu ♿ ne nous représente pas : seulement 15 % des handicapés sont en fauteuil roulant ! Un logo existe déjà, des affiches aussi : mobilisons-nous pour qu’ils soient davantage utilisés. Ce symbole permettrait De pouvoir prendre en compte toutes les personnes en situation de handicap.
Certaines grandes surfaces réservent des créneaux horaires où ils suppriment la radio et l’éclairage violents pour permettre aux personnes autistes, par exemple, de faire leurs courses dans des conditions optimales qui ne stimulent pas excessivement leur sens et c’est très bien. Lors de la pandémie, nous avons vu apparaître des caisses prioritaires pour les plus de 70 ans. Une initiative d’Intermarché pour protéger une catégorie de personnes vulnérables. Pourquoi ne pas proposer à l’enseigne où vous faites vos achats régulièrement d’utiliser ce logo ? En tant que fidèle client, vous avez l’opportunité de vous faire entendre et peut-être que ce sera le début d’un changement si nous nous y mettons tous. Si vous appréhendez d’utiliser votre carte et je vous comprends… je vous suggère de laisser une poche sur le tableau de bord ou ce fameux logo « je suis debout avec un handicap invisible », histoire d’atténuer la surprise.
Moins vous l’utiliserez, moins vous serez prêt à réagir aux bêtises. J’ai même tendance à croire que si on la sort avec assurance on renvoie une image de personne forte à qui il ne faut pas se frotter. En hésitant, on expose la faiblesse et nous savons tous que c’est plus facile de s’en prendre aux faibles. De plus, soyez à l’affût des systèmes à notre disposition et propres aux enseignes pour vous faciliter la vie. Par exemple, chez Carrefour, les lignes de caisses sont « prioritaires aux personnes handicapées et femmes enceintes », mais bien souvent utilisées par des valides. Effectivement, doubler toute la file en agitant sa carte est rebutant. Par contre ? Vous trouverez des caisses handicapées qui sont normalement fermées mais qui disposent d’un téléphone : si vous décrochez, vous serez mis en contact avec une caissière qui arrivera tout de suite et vous encaissera. Vous n’aurez plus qu’à justifier avec votre carte de votre handicap sans « embêter » les valides. La caisse se refermera derrière vous sans plus de formalité. J’ai particulièrement apprécié ce système discret, simple et efficace. Par contre, dès que je peux, je prends rendez-vous vous pour éviter d’attendre, par exemple aux impôts. Si je peux me passer de fatigue inutile et d’utiliser la carte… on y trouve tous notre compte.
Lors de la COP 26, la ministre israélienne de l’énergie, qui se déplace en fauteuil roulant, a été privée d’accès à des événements faute de manque d’accessibilité aux fauteuils roulants. Ceci nous rappelle que le combat doit porter sur le handicap et pas entre personnes handicapées. On ne doit pas opposer les types de handicap, mais se battre pour que la vie quotidienne de chacun soit la plus facile sans perturber les valides. Je prône le respect des droits, la pédagogie mais aussi le respect, que ce soit envers les personnes porteuses de handicap mais aussi les valides, en ménageant, quand cela est possible l’intercession de la carte.